LA SARTHE PARLE AUX FRANçAIS
Figurez-vous, peuple de France,
qu’une Wallonne, française hier,
s’intéresse à mon existence,
à mes errances de rivière.
Elle m’a suivie sur une carte
après m’avoir vue de tout près
et me demande, Ã moi, la Sarthe,
de lui confier tous ses secrets :
"Ah ! je suis de haute naissance !
J’ai vu le jour dans des collines,
celles du Perche où mon enfance
s’est écoulée, cristalline.
J’étais curieuse de nature
et je voulais voir du pays.
Je suis partie à l’aventure
depuis le nord jusqu’au midi.
J’ai donc visité Alençon,
en m’arrêtant pour faire le point ;
puis j’ai décidé, sans façon,
de m’en aller un peu plus loin.
Je me suis offert un voyage
à travers les Alpes mancelles.
Il était beau, le paysage
où j’ondulais, ivre de ciel !
Une fatigue me gagnait…
Les peupliers, pleins de sagesse,
m’ont raisonnée, après Fresnay :
Pourquoi ces excès de vitesse ?...
J’ai musardé dans la campagne
et me suis éprise du Mans.
L’Huisne est devenue ma compagne
qui me suit amicalement.
Unies, nous avons erré
jusqu’à Sablé, vers l’occident.
Plus bas, nous avons rencontré
une consoeur, par accident.
Alors, saisies d’ambition,
voulant dépasser la moyenne,
nous décidâmes une fusion
entre la Sarthe et la Mayenne.
D’autant que le Loir, bien amène,
mit ses riches liquidités
à nos pieds, pour créer la Maine,
entreprise de qualité.
De Saint-Aquilin-de-Corbion
à Ecouflant, au nord d’Angers,
nous fîmes parcours de champion…
Oui, nous pouvons nous rengorger !"
Camille MALCOTTE-GEHENOT |  |
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