Le miroir garde-t-il les mots
prononcés dans ses replis d’ombre,
le gouffre profond de ses eaux,
là où le regard quitté sombre,
lorsqu’un visage s’y éteint,
abîmé dans l’inexistence ?
Le miroir, derrière le tain,
étouffe-t-il la confidence,
jetée au monde de l’ailleurs
par l’homme face à son histoire ?
Et nos vers seraient-ils meilleurs,
trempés dans l’eau de sa mémoire ?
***
L’enfance tremble – une fumée –
dans le temps qui s’est réveillé,
temps des feux dans la cheminée,
du souvenir entrebâillé,
au gré de la plume docile
à ranimer l’éclat subtil
d’un œil d’enfant, lorsque défile
(mais l’homme qui vieillit peut-il
plonger jusqu’au fond de son âge ?)
la vie en forme d’entonnoir,
allant vers un dernier mouillage,
profonde à l’aube, étroite au soir.
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